La Bataille de la Lys

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Bataille de la Lys, 9 avril 1918, une « adresse de mémoire portugaise »

Dans la mémoire collective c’est « une bataille oubliée, une bataille qui n’a pas marqué les esprits ». C’était il y a exactement quatre-vingt-dix ans, la bataille de la Lys. « Elle a pourtant marqué nos territoires », soutient Dominique Faivre, président de l’Arham – Association de recherches historiques, archéologiques et militaires. Merville, Estaires bombardées et détruites. Gros dégâts à Béthune. Le centre de Saint-Venant anéanti. Saint-Floris, Calonne-sur-la-Lys rasés… Bataille oubliée, vraiment ? Certainement pas au Portugal où cette « défaite avec des circonstances atténuantes » est devenue un ciment de la nation.

Nation européenne
Le 26 janvier 1917, « discrètement presque en cachette », les premières troupes du Corps expéditionnaire portugais avaient embarqué à Lisbonne. Leur destination : le port de Brest puis le secteur de défense de la 1re Armée britannique dans la région d’Aire-sur-la-Lys. Durant dix mois, jusqu’en octobre 1918, 55 867 hommes ont rejoint les tranchées. Le Portugal était entré dans cette Grande Guerre aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne pour « maintenir ses possessions en Afrique et reconquérir une place perdue dans le concert des nations européennes ». Les Portugais avaient souffert énormément au cours de l’hiver 1917-1918. La pénurie générale des effectifs avait obligé le commandement anglais, dont ils relevaient, à les laisser au front pendant des périodes beaucoup trop longues… Le 9 avril 1918, « subissant le plus gros de l’attaque », la résistance de la 2e division du Corps expéditionnaire portugais fut héroïque. Héroïsme palpable dans les allées du cimetière militaire de Richebourg l’Avoué (1 831 corps provenant de différents cimetières en France, en Belgique et en Allemagne), tangible devant la chapelle Notre-Dame-de-Fatima ou au pied du monument national portugais de La Couture. Un monument de pierre et de bronze érigé par des ouvriers portugais, inauguré le samedi 10 novembre 1928. Une œuvre très symbolique : un soldat portugais encouragé par une République armée de la vieille épée des conquérants portugais, se débat contre un tragique squelette armé d’une faux.

Les communiqués officiels de l’Armée Française

Tout au long de la Première Guerre Mondiale, l’Armée Française publie quotidiennement des communiqués officiels, assez laconiques, faisant état de l’avancée des opérations sur l’ensemble du front. Il s’agit là de la seule communication officielle qu’aura l’armée avec la presse pendant les quatre années du conflit. Ces communiqués sont bien souvent repris tels quels dans les quotidiens français comme Le Figaro et sont régulièrement agrémentés d’articles d’analyse et de synthèse.

Communiqué

mardi 9 avril 1918

Après-midi : Ce matin, de bonne-heure, l’artillerie allemande a déployé une grande activité sur le front depuis le canal de La Bassée jusqu’au sud d’Armentières. […]

Soir : Ce matin après un intense bombardement de nos positions depuis le canal de La Bassée jusqu’au voisinage d’Armentières, d’importantes forces ennemies ont attaqué les troupes britanniques et portugaises qui tenaient ce secteur de notre front.
Favorisé par une brume épaisse rendant difficile l’observation, l’ennemi a réussi à pénétrer dans les positions alliées dans le voisinage de Neuve-Chapelle, de Fauquissart et la ferme de la Cordonnerie.
Après un combat qui a duré toute la journée, l’ennemi a réussi à repousser au centre les troupes portugaises, et , à une aile, les troupes britanniques jusqu’à la Lys entre Estaires et Bac-saint-Maur.
Nous maintenons nos positions aux deux ailes aux environs de Givenchy et de Fleurbaix. En ces deux points il y eut un vif combat et l’ennemi fut repoussé. Richebourg-Saint-Vaast et Laventie ont été pris par l’ennemi. La lutte continue violente sur tout le front. […]

Carte

Source: http://www.bataille-de-la-lys.com/fr/index.html

Pour en savoir plus :

Les combats de la Lys vus côté allemand

Peu de clichés subsistent des combats de la Lys et de Kemmel du côté allemand. L’armée allemande n’avait en effet pas l’habitude d’envoyer des reporters de guerre aux premiers jours des offensives et la Seconde Guerre Mondiale a fait disparaître la quasi totalité des archives militaires du Reich. Les clichés présentés ici sont donc issus de la collection de l’Australian War Memorial, dépositaire de nombreux dons allemands entre les deux guerres mondiales.
Avril 1918. Deux soldats allemands dans une rue d’Estaires pendant un bombardement incendiaire britannique.
Avril 1918. Un panneau d’avertissement allemand, placardé sur une porte à Armentières.
Pour en savoir plus :

La Bataille de la Lys 1918 – l’assaut allemand dans les Flandres